lundi 21 janvier 2013

PsychoFood 2 : Monsieur le Juge, mon client a des circonstances...

Dans ce billet, je fais suite au premier billet de la série PsychoFood. Dans un premier billet, je présentais les travaux d'Alexander Chernev sur un biais d'estimation des calories (Dieter's Paradox) dont nous sommes tous susceptibles d'être victime. Une manière d'explorer l'alimentation, de la fourche à la fourchette, c'est de s'interroger sur la relation entre psychologie et alimentation . J'ai l'intuition qu'il y là de belles découvertes à partager. Ce second billet de la série met en relation le régime alimentaire et le comportement agressif.

Depuis de nombreuses années, les chercheurs se sont posé la question de l'origine de l'agressivité, de la criminalité, etc. Toutes les disciplines se sont attachées à apporter des réponses à ces questions. C'est aussi le cas de la nutrition !

Ainsi Béatrice Golomb, professeur de médecine à l'U.C. San Diègo, s'est demandé quels rôles pourraient jouer les acides gras trans sur le comportement. Le terme trans et le terme cis caractérise les deux formes géométriques qu'un même acide gras peut prendre dans l'espace. Les trans sont plutôt rectilignes alors que les cis sont plutôt courbés. Cette forme leur confère des propriétés, par exemple physique : la température de fusion des trans est plus élevé que celle des cis. On sait par ailleurs, les effets que les acides gras trans peuvent avoir sur la bonne santé cardiaque et vasculaire.

Béatrice Golomb a tenté de mettre en relation la consommation d'acides gras trans avec le comportement chez plus de 1 000 personnes. Des recherches avaient déjà montré que la synthèse dans le corps du DHA, une molécule avec un effet calmant et antidépressant, était perturbée par les acides gras trans. Les personnes qui ont participé à l'étude Béatrice Golomb ont, d'un côté, été interrogées sur leur alimentation et, d'un autre côté, les chercheurs ont apprécié leur degré d'impatience, leur irritabilité, leur agressivité, etc.

Après avoir considéré d'autres facteurs, les chercheurs de l'équipe de B. Golomb ont abouti à la conclusion que la consommation des acides gras trans est, probablement, l'un des meilleurs déterminants de l'agressivité. Ce lien est constant quelque soit l'âge, le sexe, l'ethnie ou les caractéristiques socio-économiques.

Est-ce qu'il existe une relation de cause à effet ? L'étude ne répond pas à cette question. Une personne naturellement agressive pourrait possiblement avoir un comportement alimentaire particulier. Bien qu'à mon avis cette hypothèse soit difficilement envisageable. Quoique ?

Sommes-nous ce que nous mangeons ? Cette étude semble corroborer, au moins partiellement ce dicton. Demain, peut-être, entendrons-nous dans les prétoires un avocat demander les circonstances atténuantes parce qu'alimentation de son client est trop riche en acide gras trans... et de demander également des dommages aux entreprises agro-alimentaires dont les produits, consommés par son client, sont riches en trans.

Une affaire à suivre !


Dans la série PsychoFood, lire et relire

      

        

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